Crit'Air favorise-t-il l'usage des transports en commun ?
20 février 2023
Depuis le 1er Janvier 2023, les ZFE-m (Zones à Faibles Émissions - mobilités) ont à nouveau durci les conditions d’accès aux véhicules les plus polluants au cœur de 11 métropoles de l’hexagone, à l’image de Montpellier, Rouen, Grenoble, Strasbourg ou encore Reims, entre autres.
Dès lors, il est possible de se questionner afin de savoir si le système Crit’Air favorise réellement l’usage des transports en commun.
Pour y répondre, nous commencerons par observer que les ZFE-m reposent sur le système Crit’Air, puis nous parlerons de la nécessité de développer la multimodalité, enfin nous détaillerons comment les outils MaaS peuvent aider les automobilistes en cette période de modification de leurs habitudes de mobilité.
1 - Le déploiement des ZFE-m reposant sur le système Crit’Air
La première zone à faibles émissions mobilités (ZFE-m, ex ZCR “zone à circulation restreinte”) de France, a été mise en place à Paris, dès 2015. A l’origine, seuls les véhicules construits avant une date déterminée étaient interdits à la circulation. La vignette Crit’Air n’existant pas encore, il fallait donc se référer à la carte grise du véhicule en question. La classification quant à elle, est apparue en 2017, facilitant ainsi la mise en place de zones à faibles émissions. Les véhicules construits avant le 1er janvier 1997 ne sont pas éligibles à la vignette Crit’Air et ne sont donc pas classifiés. Les véhicules construits après 1997 sont répartis en 6 catégories, allant de 0 à 5, suivant qu’elles soient électrique, diesel ou essence.
Dès 2019, 3 métropoles avaient fait l’objet d’une mise en place d’une ZFE-m : Paris, Strasbourg et Grenoble. Actuellement ce sont 11 métropoles françaises qui en ont mis une en place : la Métropole du Grand Paris, Rouen, Reims, Strasbourg, Lyon, Grenoble, Nice, Toulon, Aix-Marseille, Montpellier et Toulouse.
L’objectif fixé par le gouvernement est que 43 agglomérations soient couvertes à l’horizon 2025, soit toutes les agglomérations de plus de 150.000 habitants.
Ces ZFE-m visent donc à interdire l’accès au cœur des métropoles pour les véhicules les plus polluants en créant des espaces dits à “faibles émissions” permettant de limiter la pollution de l’air. Cette restriction doit permettre d’améliorer la qualité de l’air afin de diminuer le nombre de décès prématurés liés à la pollution.
Toutefois, les ZFE-m font l’objet de débats quant à la question de l’égalité et du droit à la mobilité pour tous. En effet, l’accès au cœur des métropoles pour les personnes ne pouvant se permettre de changer de véhicule pour une automobile plus vertueuse, devient complexe.
2 - La nécessité de développer la multimodalité
Comme nous l’avons vu auparavant, la mise en place d’une ZFE-m repousse les véhicules les plus polluants à l’extérieur des métropoles. Cela pose donc un problème quant à l’accessibilité des cœurs de métropoles pour les propriétaires des véhicules les plus polluants.
Pour contrer ce problème, il est nécessaire que les AOM (autorités organisatrices de mobilité) mettent en place des solutions multimodales afin de permettre un accès au cœur des métropoles. Cela peut passer par la mise en place de parkings relais connectés à un mode de transport en commun rapide et fréquent à l’image d’un tramway ou d’un bus à haut niveau de service (BHNS). Des axes dérogatoires peuvent dès lors être mis en place au sein des métropoles, de manière à permettre aux automobilistes de pouvoir rejoindre le parking relais en question.
La mise en place d’une ZFE-m peut être l’occasion de développer le réseau cyclable dans les agglomérations, en créant des pistes sécurisées et continues, de manière à encourager l’utilisation des modes de transports les plus vertueux. La zone à faibles émissions peut également être vecteur de fluidité sur le territoire.
Le développement de la multimodalité apparaît alors comme une condition sine qua non si l’on veut mener à bien la mise en place d’une ZFE-m. En effet, si les infrastructures pour permettre le report modal de la voiture vers des modes de transports plus vertueux ne sont pas suffisants, la mise en place de la zone à faible émissions mobilités semble compliquée et peut poser problème.
3 - Comment les outils MaaS peuvent-ils aider les automobilistes dans cette période de modification de leurs habitudes de mobilité ?
Les solutions MaaS, à l’image de celles que nous développons chez viaTransit, peuvent permettre de répertorier l’ensemble des parkings relais accessibles. Cette cartographie des parkings peut également être superposée à une cartographie de la ZFE-m et de ses axes dérogatoires.
Les outils MaaS proposent également des itinéraires multimodaux intégrant le périmètre de la ZFE-m et incluant le report modal. L’itinéraire proposera dès lors un trajet automobile afin de rejoindre le parking relais en empruntant les axes autorisés, puis une deuxième partie du trajet via les transports en commun ou autres modes doux permettant de rejoindre le centre de l’agglomération.
Les itinéraires proposés pourront permettre aux automobilistes de s’adapter plus facilement à ce changement de leurs habitudes de mobilités, car ceux-ci seront adaptés à ses choix et multimodaux, évitant ainsi une recherche d’itinéraires morcelée pour chaque mode de transport utilisé.
Conclusion
Les zones à faibles émissions - mobilités émergent dans les grandes agglomérations françaises. Celles-ci reposent sur l’utilisation de la vignette Crit’Air, classant les véhicules en fonction des émissions carbone qu’elles produisent. L’instauration des ZFE-m impose un développement de la multimodalité pour les automobilistes conduisant des véhicules polluants. Ce développement s’accompagne donc d’un report des automobilistes vers des parkings relais, incitant ensuite à utiliser les transports en commun afin de pouvoir accéder au cœur de la métropole.
Pour aider les automobilistes à mieux s’organiser durant cette période de transition, les outils MaaS peuvent s’avérer être un véritable allié, leur permettant de pouvoir calculer des itinéraires prenant en compte la ZFE-m et les orientant vers les meilleurs itinéraires de rabattement. Cela permet également d’éviter que les personnes concernées ne boudent les cœurs de villes, ou préfèrent se diriger vers les agglomérations voisines, n’ayant pas mis en place de ZFE-m.